D’Alembert, Diderot, Mouler
[D’Alembert, Diderot], Mouler, in Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, 10, 1751
Mouler en plaster, (Sculpture.) Le meilleur plâtre dont on puisse se servir pour mouler, c’est celui qu’on tire des carrieres de Montmartre. On le prend en pierres cuites & tel qu’il sort du fourneau: on le bat, & on le passe au tamis de soie: on le délaie dans l’eau plus ou moins, suivant la fluidité qu’on veut lui donner. Mais avant que de l’employer, il faut avoir disposé le modele ou la figure à recevoir le moule.

Atelier des mouleurs en plâtre, in Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
Si ce n’est qu’une miédaille ou ornement de bas-relief qu’on veut mouler, on se contente d’en inibiber toutes les parties avec un pinceau & de l’huile; puis on jette le plâtre dessus qui en prend exactement l’empreinte, & qui forme ce qu’on appelle un moule: mais si c’est une figure de ronde-bosse qu’on veut mouler, il faut prendre d’autres précautions. On commence par le bas de la figure, qu’on revêt de plusieurs pieces, & par assises, comme depuis les piés jusqu’aux genoux, selon néanmoins la grandeur du modele; car quand les pieces sont trop grandes, le plâtre se tourmente. Après cette assise, on en fait une autre au-dessus, dont les pieces sont toujours proportionnées à la figure, & ainsi on continue jusqu’au haut des épaules, sur lesquelles on fait la derniere assise qui comprend la tête.
Il est à remarquer que si c’est une figure nue, & dont les pieces qui ferment le moule, étant assez grandes, puissent se dépareiller aisément, elles n’ont pas besoin d’être recouvertes d’une chape; mais si ce sont des figures drapées, ou accompagnées d’ornemens qui demandent de la sujétion, & qui obligent à faire quantité de petites pieces, pour être dépouillées avec plus de facilité, il faut alors faire de grandes chapes; c’est-à-dire, revêtir toutes ces petites pieces avec d’autre plâtre par grands morceaux qui renferment les autres, & huiler tant les grandes que les petites pieces par-dessus & dans les joints, afin qu’elles ne s’attachent pas les unes aux autres.
On dispose les grandes pieces ou chapes de façon que chacune d’elles en renferment plusieurs petites, auxquelles on attache des petits annelets de fer pour servir à les dépouiller plus facilement, & à les faire tenir dans les chapes par le moyen de petites cordes ou ficelles qu’on attache aux annelets, & qu’on passe dans les chapes. On marque aussi les grandes & les petites pieces par des chiffres, par des lettres & avec des entailles pour les reconnoître, & pour les mieux assembler.
Quand le creux ou moule de plâtre est fait, on le laisse reposer, & lorsqu’il est sec, on en imbibe toutes les parties avec de l’huile. On les rassemble les unes & les autres chacune en sa place, puis on couvre le moule de sa chape, & on y jette le plâtre d’une consistance assez liquide pour qu’il puisse s’introduire dans les parties les plus délicates du moule; ce que l’on peut aider en balançant un peu le moule, après y avoir jetté à discrétion une certaine quantité de plâtre; on acheve de le remplir, & on le laisse reposer. Quand le plâtre est sec, on ôte la chape, & toutes les parties du moule l’une après l’autre, & l’on découvre la figure moulée.