Diderot, Art. Quinta parte
Diderot, Art, Diderot, Art, in Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, 1, 1751. Quinta parte
Différence singuliere entre les machines. Après avoir proposé mes idées sur un traité philosophique des Arts en général, je vais passer à quelques observations utiles sur la maniere de traiter certains Arts méchaniques en particulier. On employe quelquefois une machine très-composée pour produire un effet assez simple en apparence; & d’autres fois une machine très-simple en effet suffit pour produire une action fort composée: dans le premier cas, l’effet à produire étant conçu facilement, & la connoissance qu’on en aura n’embarrassant point l’esprit, & ne chargeant point la mémoire, on commencera par l’annoncer, & l’on passera ensuite à la description de la machine: dans le second cas au contraire, il est plus à propos de descendre de la description de la machine à la connoissance de l’effet.
L’effet d’une horloge est de diviser le tems en parties égales, à l’aide d’une aiguille qui se meut uniformément & très-lentement sur un plan ponctué. Si donc je montre une horloge à quelqu’un à qui cette machine étoit inconnue, je l’instruirai d’abord de son effet, & j’en viendrai ensuite au méchanisme. Je me garderai bien de suivre la même voie avec celui qui me demandera ce que c’est qu’une maille de bas, ce que c’est que du drap, du droguet, du velours, du satin. Je commencerai ici par le détail de métiers qui servent à ces ouvrages. Le développement de la machine, quand il est clair, en fait sentir l’effet tout-d’un-coup; ce qui seroit peut-être impossible sans ce préliminaire. Pour se convaincre de la vérité de ces observations, qu’on tâche de définir exactement ce que c’est que de la gaze, sans supposer aucune notion de la machine du Gazier.